Il paraît qu’on subit.
Qu’on est pris dans des circonstances, des obligations, des “je ne pouvais pas faire autrement”.
Elle m’arrangeait bien cette théorie du destin qu’on subit, la fatalité un peu dramatique qui donne l’illusion qu’on est une pauvre victime du calendrier, de la météo, ou de je ne sais quelle conspiration de l’univers contre notre être.
Mais il faut bien l’admettre : tout est choix.
Se laisser porter, s’immobiliser, fermer sa bouche alors qu’elle brûle de hurler la vérité qu’on a coincée entre deux dents serrées.
Rien dire, c’est choisir de ne rien dire.
On peut prétendre qu’on est paralysé, qu’on n’a pas d’issue.
On peut s’inventer mille excuses.
Se raconter l’histoire qui nous arrange.
Mais c’est un mensonge doux et anesthésiant.
Un genre de couverture qu’on se tire sur la tête pour ne plus voir qu’en dessous, on a quand même un cerveau qui décide, qui oriente, qui tranche.
Alors je ne dis pas que le choix est toujours confortable.
Souvent, il ressemble à un champ de mines.
Il implique de perdre quelque chose, de déplaire, de bousculer les attentes, de se retrouver seul face à son courage.
Mais le choix est là.
Toujours.
On a le choix de répondre ou non.
De partir ou de rester.
De dire “stop” ou “encore”.
De plonger dans l’inertie ou de prendre la responsabilité de l’issue.
On a le choix de ne plus être la personne qui attend que l’autre se décide à valider notre existence.
Le choix d’arrêter de prétendre que la vie est un couloir où l’on se fait balader, alors qu’en réalité, on tient la poignée des portes qu’on refuse d’ouvrir.
Et ce qui est fascinant, c’est qu’on sait.
On sait très bien ce qu’on choisit, même quand on fait semblant de ne pas le voir.
On le sent dans le creux du ventre, dans ce frisson minuscule qui chuchote :
« Tu pourrais faire autrement. »
Alors qu’on serre un peu plus fort la couverture de la fatalité.
Parce que c’est plus simple, parfois, d’avoir froid sous la couverture qu’on connaît que de se lever pour allumer la lumière.
Mais, tu vois, même ça… c’est un choix.
