Vivre pleinement ses émotions, c’est accepter la tempête avec toute sa violence et sa beauté.
Si l’on tente de réduire l’intensité d’un orage, de mettre la tornade dans une cage, on oublie l’essence même de la tempête : sa force, sa liberté. On cherche à la dompter, à la contrôler, alors qu’elle est faite pour s’exprimer dans toute sa grandeur. Cette idée d’enfermer les émotions, de les maîtriser avant qu’elles n’atteignent leur apogée, est une illusion qui nous laisse pris dans un conflit intérieur.
Mais si on la laisse passer, si on lui permet de s’exprimer dans toute son ampleur, alors la pluie se calme, le vent cesse de souffler. Ce qui semblait chaotique devient un moment de purification. Nos émotions, aussi violentes soient-elles, sont des vagues qu’il faut laisser déferler. Elles ne cherchent pas à nous détruire, mais à nous libérer. Chaque éclat de colère, chaque déchirure de tristesse, chaque éclat de joie est une étape vers l’équilibre. Car ce n’est qu’en vivant pleinement nos émotions, sans les juger ni les retenir, que nous parvenons à les comprendre.
L’équilibre ne réside pas dans la suppression ou la négation des émotions. Il est dans leur pleine acceptation, dans la capacité à les accueillir, à les ressentir sans résistance. Si l’on veut que la tempête cesse, il faut d’abord la vivre. Elle ne s’arrêtera pas si l’on tente de la maîtriser, mais elle finira par se dissiper d’elle-même, une fois qu’on aura cessé de lui résister. C’est là, dans cet instant de calme après la tempête, qu’on trouve l’équilibre. Pas dans la fuite, mais dans la rencontre.
Si on tente d’emprisonne une tempête, et qu’on lui impose des chaînes de silence, de répression et d’oubli, puis qu’on y rajoute la suivante… et encore une, puis encore une autre… ces tempêtes encagées enfouies commenceront à s’accumuler, à se superposer comme des vagues invisibles. Et peu à peu, la cage deviendra trop petite, trop fragile pour contenir cette force. Le poids de toutes ces tempêtes, une à une, aura tellement grandi qu’elles se libérons toute en même temps avec cette fois-ci une puissance dévastatrice. Ce que l’on avait cru controler en les repliant, tout en douceur, explosera d’un seul souffle. Une force incontrôlable, bien plus grande que la tempête initiale, car elle aura été nourrie, amplifiée par l’accumulation des non-dits, des frustrations, des peines passées.
Il est essentiel de ne pas se laisser piéger par cette illusion du contrôle. Lâcher prise, c’est permettre à la tempête d’être, pour mieux retrouver la paix après son passage. Quand on enchaîne les émotions, quand on ne les laisse pas vivre, elles deviennent des créatures à part entière, prêtes à se libérer dans toute leur ampleur, et le déluge sera inévitable. Mais si l’on accepte de les laisser s’exprimer une à une, tout deviendra plus léger, plus fluide. Ce n’est pas en les empiégeant qu’on trouve la paix, mais en leur permettant d’être pleinement.
